Musique à en déchirer les tympans, l’alcool qui coule à flot et les corps qui se déchainent… C’est un résumé de la soirée. Hwan a eu l’intelligence d’y aller seul – on le rappelle, cet enfant ne doit jamais être laissé seul trop longtemps, parce qu’il finit toujours par avoir les pires idées. En l’occurrence, se rendre en boite seul sans être accompagné ni avoir de personne sur qui compter si tout dérape… Ouais, pas le meilleur plan. Hwan, il se dit que rien de grave peut arriver parce qu’il a l’habitude de ce genre d’endroit et puis si vraiment quelque chose arrive, alors ça fera une petite aventure. Alors il se jette dans la gueule du loup, et commence à boire, danser, et encore boire. Il rencontre un autre qui lui fait de l’œil – les deux s’entendent bien, si bien qu’ils ne remarquent pas le malfrat qui glisse un petit quelque chose dans le verre du plus jeune. Le malfrat en question qui, pour faire comme si de rien n’était, s’éloigne du duo pour les surveiller de loin. Ah mais ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que Hwan aussi boive dans le verre – se tromper de verre en étant bourré, c’est compréhensible. Et entre le moment où le malfaiteur se soit éloigné pour trouver un endroit pour les observer, les deux autres étaient déjà sortis. Il y a sans doute eu une bataille au ciel, entre le karma et la bonne étoile des garçons, la chance s’est tournée vers eux au bon moment. Maintenant, les voilà dehors, complètement torchés et incapables d’aligner une phrase entière avec la drogue – pourtant, ils arrivent à se comprendre ! Le plus âgé titube de gauche à droite en riant, puis attrape le bras de son compère pour l’éloigner de l’endroit. « Eeeeeeh t’sais t’es mign-mignu… mignon, hein ? » qu’il déblatère entre deux hoquets. « J’trouve t-t’es gr’ve beau et geeeeeennnnre… » Un clin d’œil exagéré et un sourire sont adressés au garçon en question. A l’abri des regards indiscrets, le duo peut enfin se laisser aller pour de bon.

C’était une fête où sa mère lui avait demandé d’aller. Une genre d’expérience sociale. Lui et sa réputation d’Ange de la Corée, il fallait qu’il réussisse à conclure un deal avec un de leurs plus gros revendeurs dans le sud de la ville. Putain. Il aurait préféré rester chez lui et juste rien faire. Ou essayer de voir si Gen avait quelque chose à faire ou non. Mais il est là, à un bar, en train d’essayer de convaincre quelqu’un que la drogue de sa mère est la meilleure, qu’il le sait, et que c’est pour ça qu’il doit continuer à la vendre, et même en vendre encore plus. Sauf qu’il peut pas le menacer, et qu’il doit garder ce sourire insupportable parce que des gens aux alentours le regardent. Un en particulier. Et le mec part quelques secondes pour aller chercher quelque chose, alors Jun se retourne vers l’autre gars, qui le regardait. Et il s’approche de lui, et il commence à lui parler. Parce qu’il aime bien la tête de ce gars. Il aime bien la façon dont il le regarde. Et il a un peu trop d’alcool dans le sang. Il va rien faire qui puisse mettre sa réputation en danger, non. Juste parler un peu. Rien de bien dangereux. De façon à ce que personne en dehors d’eux deux ne puisse comprendre qu’ils flirtent. Si même c’est réellement ce qu’ils sont en train de faire. Il récupère son verre qu’il avait laissé quelques centimètres plus loin et boit dedans. Goût étrange qui se dépose sur ses papilles. Mais c’est pas grave, rien n’est grave. Et plus le temps passe, moins les choses sont importantes. Son image ? C’est quoi ça, une image ? À quoi ça sert hein ? Y’a plus personne pour lui ici. Plus personne. Rah, yeurk, le monde tourne un peu. Il suit le gars qui sort dehors. Oh oui, de l’air frais. Oh oui, sortir de tout ce monde, et se renfermer dans un petit monde juste eux deux, ça sonne bien. Ça sonne super trop magnifiquement bien même. Il sourit au compliment, rigole même. Il le sait qu’il est beau. Il le sait qu’il est mignon. Il s’approche du garçon, Jun. Et dans son esprit, quelque chose qui l’empêche de coller son corps au sien juste là, au milieu de la rue. Une voix qui lui parle d’image et de respect, et de voyeurisme et de paparazzis, il comprend pas tout tout bien. Mais il prend la main du garçon et l’entraîne dans une ruelle. “Toi aussi, t’es beau. Genre vraiment t’es. Wow, canon.” Il le lâche et  pose sa main sur sa joue. C’est pas vraiment doux, mais c’est un contact, et pour le moment, c’est tout ce qu’il demande. Un contact. Des contacts. Et finalement lui, ce gars en face de lui. Canon, le gars. Canon de chez vraiment trop canon.

Silence ça tourne dans l’esprit de hwan. Sa tête vacille doucement tandis qu’il essaie d’écouter les mots de l’homme en face de lui. Un rire s’échappe en entendant le compliment, il se laisse attirer dans le coin sombre à l’abri des regards indiscrets. « on est troooop canons… » sourire niais qui étire ses lèvres, hwan décide de prendre le visage de l’homme entre ses mains avant de ricaner. « on devrait s’additionner comme ça on s’ra encore pluuuus plus plus canons qu’tous les canons de l’univers. » ses doigts repoussent une mèche tombante sur le visage du plus jeune. Est-ce la drogue qui le rend ainsi ? Ou l’alcool ? Sûrement le mélange. Hwan a toujours été très… aguicheur dans cet état là. Ce soir n’est pas une entorse à la règle. Son corps ose faire poids pour pousser l’autre contre le mur, le bloquant de toute sortie prématurée, puis ses lèvres s’écrasent finalement sur celles de jun. Un baiser négligé, une langue qui fait son chemin jusqu’à sa semblable, et le soupir se fait entendre. « j’en ai très très trèèèèès envie t’sais. » aucune gêne dans ses propos, hwan d’habitude franc se montre encore plus ouvert avec l’inconnu en face de lui. Il ne perd pas de temps, le garçon, ses jambes le lâchent et il tombe à genoux. Le regard empli d’un désir coupable, sa respiration s’accélère. Des idées affreusement salaces lui traversent l’esprit, des propos qu’il rêverait de dire – et qu’il va dire, si l’homme en face n’y voit pas d’inconvénient. Hwan est à genoux, les paumes sur ses cuisses, les lèvres légèrement entrouvertes et la langue tirée. « fais-toi plaisir. »

Jun sait pas trop ce qu’il lui arrive. Il pige bien que ce qui se passe devrait probablement pas être en train de se passer. Mais fxck, c’est trop compliqué pour y penser. Puis il a le cerveau trop embrumé pour réfléchir tout court. Wow, il est canon, le gars. Il aime trop comment il est habillé, wow. Il est trop trop bien habillé. Ça lui va bien  le noir. Puis sa ceinture, elle est vraiment classe. Il a juste envie de la lui enlever. Contact fait, sa main, sur sa joue. C’est pas doux, ni sa main, ni la joue de l’autre. Enfin sa main est plus douce que la joue de l’autre, c’est normal. Lui il est riche, il a la peau douce. L’autre, probablement qu’il l’est pas, et du coup sa peau est pas douce, c’est tout. Jun, il voit pas, regarde pas. Oh, il l’a entraîné dans une ruelle, ils sont bien dans la ruelle, juste tous les deux, non ? Si. Si, ils sont bien, puis ils sont canons t’façon. Rien peut les atteindre, parce qu’ils sont canons. Ils sont des armes. Jun rigole tout seul, comme un con, à son jeu de mot pourri qu’il a même pas dit à voix haute. Canon, arme, genre canon de guerre quoi. Il lui parle de s’additionner pour être plus canon que tous les canons de l’univers. Oh ouais, ça lui plairait bien, de s'additionner avec lui. Puis c’est vrai, ils seraient trop canons à deux. Et Jun, il se demande à quoi ressemblerait quelqu’un qui serait d’une addition entre eux deux. Avec le corps de l'autre, et le visage parfait de Jun. Pfiou, ce serait une rocket. Rocket, canon. Et Jun rigole encore. C’est pas normal qu’il rigole autant. Jun rigole jamais en général.
Puis finalement, c’est la bouche de l’autre qui le coupe dans son rire. Des lèvres pressantes et une langue pressée de faire son chemin vers la sienne. Et Jun perd pas de temps pour réagir. Oh non. Non, aucun temps. Merde, il embrasse pas bien. Mais Jun non plus, probablement. C’est sloppy. Mais c’est parce qu’ils sont tous les deux canons, et pas dans leur état normal. Mais surtout des canons. Et Jun, il a le bruit d’un canon qui lance une boule dans sa tête, alors il a envie de rire, mais il peut pas avec les lèvres de l’autre sur lui. Très envie, qu’il dit l’autre. Envie de quoi ? Oh, Jun pense comprendre. Parce que lui aussi, il en a envie.
De contact. Son bas ventre s’est réveillé, son entre jambe aussi, mais il se souvient même plus de quand c’est arrivé. Il regarde le gars se mette à  genoux devant lui. Yeurk, il déteste cette vue. C’est dégradant, d’avoir quelqu’un comme ça, à ses genoux. Il pense à Haku. Est-ce qu’il fait ça fasse à son oncle ? Alors Jun il détourne la tête, croise les bras sur son torse, et fait ressentir son mécontentement en tapant du pied par terre avec une exclamation boudeuse. “Ça m’fait pas plaisir, c’est yeurk comme ça. Bisous d’abord. Hôtel confortable après.” Il veut pas vraiment faire des phrases complètes. Il sait juste que même dans un état second comme il est, clairement. Ils sont canons, wow. Il s'abaisse à  son niveau, récupère sa main et le  relève en se relevant. Il veut pas que quelqu’un lui procure du plaisir alors qu’il a les genoux par terre, sur du goudron, comme ça, juste. Non. C’est yeurk. C’est yeurk, et c’est vraiment, vraiment, vraiment,
pas canon.

Désir enivrant qui lui fait perdre toute notion de bon sens, hwan se retrouve à genoux à attendre que les évènements se passent. Sauf qu’il se fait vite arrêter par l’homme en face de lui qui souhaite un meilleur endroit pour ce genre de chose. Au début, le garçon fronce les sourcils, frustré, avant de se relever difficilement. « roh t’es pas drôôôôleuh… » il fait une moue avant de passer son bras sur la nuque de jun. « t’as d’la chance j’connais un hôtel pas loin, il appartient à ma famille. » et sans lui laisser le temps de répondre, hwan l’emporte avec lui dans la rue parmi les autres passants. Le trajet est plus ou moins compliqué puisque les deux ne sont pas dans le meilleur des états. Mais bon, bientôt ils auront l’intimité demandée pour enfin se libérer du poids entre leurs jambes. Jambes qui n’obéissent pas beaucoup alors que le duo entre dans le grand hôtel, sous le regard intrigué de quelques clients. Hop, la main du plus âgé couvre les yeux de l’autre pour éviter qu’il soit reconnu. On sait jamais, peut-être que demain hwan sera en première page du journal – le fils héritier d’une grande firme, retrouvé complètement drogué dans une de ses demeures avec un autre. Mouais, ça le ferait pas trop. Vite, vite, demander la clé d’une chambre qu’il réglera demain pour sûr, et ils disparaissent dans l’ascenseur. « quand on rentre dans la chambre, j’te fais une pipe. » hwan dit ça sans vraiment le dire. Enfin, il se dit que ça se dit, mais en y repensant, ça fait pas propre. « Enfin s’tu veux. Tu m’dis c’qui te fait plaisir. » ricanement suivi d’un baiser au creux de son cou, le garçon a toujours été très affectif avec les autres, mais drogué apparemment. Ding ! Les portes s’ouvrent, il pousse gentiment Jun dans le couloir jusqu’à la porte de la chambre. Clic, ça s’ouvre, ils rentrent en titubant avant de fermer derrière eux. La veste jetée au sol, hwan se mord la lèvre. « alors ? »

Il le voit Jun, que ça lui fait pas plaisir au gars, de se relever. Il se demande s’il avait vraiment envie de faire ça ici, comme ça, sur le trottoir. Jun préfère pas y penser. De toute façon, sa manière est la meilleure. Et sa manière, c’est de s’embrasser contre un mur, mais de faire les trucs plus approfondis dans une chambre d’hôtel confortable. Il a pas l’air convaincu le mec, quand il se relève. Et Jun le voit presque bouder. Il lui dit qu’il est pas drôle. Et sa voix traîne un peu parce qu’il est pas dans son état normal. Mais c’est pas grave, Jun non plus, il est pas dans son état normal. Il entend au ralenti, et son cerveau fonctionne difficilement. Il sait que ce qu’il est en train de faire, il devrait probablement pas être en train de le faire. Mais ça ne l’empêche pas de le faire quand même. C’est comme. Non. Ça ne l’empêche pas. Parce que les mains de ce garçon sur lui, et ses lèvres, et cette envie qu’il a de plus, toujours plus, c’est bien plus important. Puis parce qu’ils sont canons. Et que ça vaut le coup d’en profiter, de leur canonité. Qu’importe le reste. Il entend des voix dans sa tête, qui lui parlent d’image, de réputation, qui lui disent de faire attention. Comme une sirène lointaine, oh si lointaine. Mais Jun l’écoute pas, il écoute rien de tout ça et se concentre sur les bras qui se retrouvent autour de sa nuque. Mais le gars se reprend, arrête de bouder. Lui dit qu’il a de la chance, et qu’il connaît un hôtel pas loin. Qu’il appartient à sa famille. Et y’a des milliers de voix dans la tête de Jun qui lui disent qu’il faut qu’il arrête cette connerie avant d’aller plus loin. Parce que plus tard peut-être qu’ils devront faire des affaires ensembles, ce garçon et lui. Mais Jun écoute rien. Jun est guidé uniquement par son état second et sa libido détraquée par la boisson suspecte. Les mots hôtel et famille résonnent pourtant dans son esprit, comme quelque chose qu’il connaît par coeur. Comme quelque chose qui strike proche de ce qu’il est. Mais il résonne rien Jun, et il réfléchit pas. Et quand le gars l'entraîne dans les rues, il le suit. Puis ça fait du bien, de se laisser diriger, parfois. De pas avoir à tenir ce rôle de garçon parfait, et juste de laisser ce garçon l'entraîner où il veut. Surtout si c’est dans un hôtel confortable. Et quand ils entrent dans l’hôtel, le garçon lui cache le visage. Jun sait pas pourquoi vraiment, mais il lui en est reconnaissant, sans comprendre pourquoi non plus. Pourquoi il est reconnaissant qu’il lui cache le visage ? Jun réfléchit pas trop, et continue à se laisser embarquer. Puis l'ascenseur. Puis la promesse d’une pipe dans la chambre. Et le corps de Jun qui réagit à la proposition. Et qui se reprend pour lui demander ce qu’il veut. Ce qu’il veut ? Il veut le corps de ce garçon contre le sien, d’une manière ou d’une autre. Un baiser dans le cou, qui envoie des électrodes directement dans son entre-jambe. Et le couloir. Et finalement la chambre. La porte qui se ferme, un manteau qui termine par terre, et un “alors” qui laisse sous entendre beaucoup de choses. Alors.
Jun le pousse légèrement, l’écartant de lui, avec une force  qu’il ne s’attendait pas à avoir. Il retire son manteau à son tour, et son t-shirt. Et tout en s’approchant du garçon, continuant à le pousser, s'arrange pour défaire sa ceinture. Et vite son jean retrouve le reste de ses vêtements par terre. “Alors ? Fais ce que t’as à faire.” Il lève la main pour la poser avec une délicatesse surprenante sur l’avant bras du garçon avant de le contourner et de s’allonger  sur un des fauteuils de la chambre, tel le roi qu’il est.
Parce qu’ils sont tous les deux canons,
mais que Jun en plus, est un roi.
Un ange.
Il sait plus.