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Il est terrorisé Haku. Terrorisé lorsque Daw lui confirme qu’il n’a pas été assez rapide. Que le yacht a quitté le bord. Qu’il est enfermé au dessus de l’eau. Et il gémirait presque de désespoir. Presque. Mais Jun se dessine dans le couloir et il y a cette haine. Cette rancœur qu’il a pour tout ce qu’il lui fait subir. Alors il préfère demander à Daw de l’aider à le passer par dessus bord plutôt que pleurer sur son sort. Si la proposition est acceptée, l’hôte de cette fête s’éloigne et le regard de Kohaku passe de sa silhouette qui s’éloigne à Jun. Les yeux qui se plissent la haine qui se mélange à la peur, il ne pensait pas ressentir ça. Il ne pensait pas qu’il pourrait le haïr. Qu’il pourrait en arriver là. Mais c’est sans doute ce qu’il souhaite Jun, sans doute qu’il désire que sa haine soit réciproque, parce qu’il fait tout pour. Le flash de l’appareil photo l’aveugle un temps, mais ce qui le fige c’est le bruit de la porte qu’on ferme, le bruit de la clef dans la serrure. C’est la réalisation, morbide sans doute, qu’il est enfermé avec son tourmenteur. « Fuck you. » la remarque passe entre ses dents serrées tandis qu’il se relève. Le fauteuil entre eux deux comme une protection de plus. « Putain mais c’est quoi ton problème ? Princess ? Are you kidding me? » Et il ne veut pas le montrer mais l’appellation le blesse. Tellement. Ce genre de surnom qui le rabaisse, qu’il emploie souvent. Son oncle à Jun. Soobin. La même façon de le prononcer, d’ourler les lèvres autour de ce mot comme une insulte. Il déteste ça Haku. Tellement. Il déteste cette situation. « T’es content ? Tu m’as foutu sur un bateau et maintenant quoi ? Tu attends que je pleure … Qu’est-ce que tu veux de plus ? Que j’admette que tu es le meilleur ? Pas besoin putain. Pas besoin. Vous êtes meilleurs que moi avec vos cuillères en argent, et vos rolex, et votre argent de merde. Va te faire foutre. Allez tous vous faire foutre. L’argent achète tout … Pour sur, va t’acheter une putain de conscience connard. » Il a sa voix qui s’élève. Qui frise des aigus désagréables. Il a des larmes au coin des yeux aussi Haku. Parce qu’il est fatigué. Parce que parfois porter ce masque c’est dur. Parce que parfois il aimerait bien que la vie arrête de lui rappeler à quel point il n’a rien pour lui. À quel point les autres ont tout, et il n’aura jamais que les restes.

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Son plan a réussi. Pour le moment, c’est tout ce qu’il a en tête. Il en doutait pas. Il a juste eu peur à un moment que Daw puisse le faire sortir à temps. Mais même s’il avait ouvert la porte plus tôt, Jun sait qu’il aurait juste eu à appeler les gens au port pour qu’ils  fassent démarrer le bateau  plus tôt. Et tant  pis pour les retardataires. Tant pis si Daw lui en aurait voulu. Ce bateau ne serait jamais parti du port sans Haku à son bord. Oh, jamais. Non. C’est trop tentant de le voir, là. De le voir devant lui, énervé, en colère, et pourtant pris au piège comme dans un labyrinthe. Un labyrinthe constitué juste de cette peur de l’eau qu’il a. De ça, et du fait que maintenant, Jun est le seul détenteur du jeu de clé qui peuvent les faire tous les deux sortir. Jun comprend, après tout. À la place d’Haku, lui aussi serait effrayé. Mais il veut rien lui faire. En vérité, il veut même pas lui faire du mal. Il veut juste le voir… Il veut juste. Voir les émotions qu’il ressent s’afficher sur son visage. La peur, la colère, le dégoût même, qu’importe. Au moins, ces émotions là lui appartiennent. Il veut pas voir du faux, il veut pas voir ses sourires. Il veut pas voir sa gentillesse. Parce que ce serait faux. Parce que finalement, rares sont les personnes qui lui sourient réellement sans arrière pensée, à Jun. À lui ou à quiconque de sa famille. Ça lui donne envie de gerber, les sourires qu’il offre à son oncle. Il déteste que ce soit des faux sourires. En admettant qu’ils soient faux. Mais la simple idée qu’Haku puisse lui sourire de cette façon sincèrement, ça lui donne envie de faire crever le monde entier. Et parce que c’est trop difficile à ressentir tout ça, et qu’il déteste ça, il préfère largement avoir de vraies émotions de la part du japonais. Des émotions qu’il lui fait ressentir par lui-même. Raw. Pas de faux-semblants. Juste du vrai. Et s’il le déteste, tant mieux. Au moins, ce qu’il ressent sera réciproque. Parce qu’il a besoin de réciprocité, Jun. Et que c’est la seule réciprocité que Haku peut lui donner. Quand Haku parle, Jun sent la colère, il sent l’animosité claire dans sa voix. Et il s’imprègne de la sincérité de son ton, de sa voix. De ses sentiments. Il le reprend sur le fait qu’il l’ait appelé Princess. Et Jun a pas vraiment pensé. Il le comparait juste à une princesse en détresse que Daw venait d’essayer (et d’échouer) de sauver. Ça n’avait pas dans le but d’être dévalorisant, ou un surnom mignon. Oh non. Il laisse ça à son timbré d’oncle. Son oncle répugnant.
Haku reprend la parole et Jun l’écoute. Oh, il boit même ses paroles. Il fait comme si ça ne l’importait pas, comme si ça ne l’impactait pas. Il s’assoit sur le fauteuil, ou plutôt d’y prélasse, les jambes qui pensent d’un côté, et le haut de son corps de l’autre. Et il écoute Haku lui parler de conscience. De l’argent. L’argent… Il parle d’une suprématie quelconque. Lui demande s’il attend qu’il pleure. Pas dans cet ordre là. Mais les mots tombent comme une cascade dans l'oreille de Jun, et il les digère dans l’ordre que son cerveau choisit. Il lève le visage vers celui d’Haku, et il voit, son expression. Raw. Les larmes qui s’accumulent et qui semblent faire briller ses yeux. Il adore le voir comme ça. Mais il réalise qu’il déteste ça, aussi. Il prend pas le temps d’y réfléchir et lance un “pleure pas, j’vais pas te jeter à l’eau.” C’est vrai. Pas cette fois ci. “En tout cas, c’est pas prévu.” Il ment. Dans le sens où de toute façon, il ne le fera pas. Prévu ou non. Il est pas inconscient. Et ce serait trop dangereux. Puis. Y’a aussi le fait qu’il a vraiment pas envie de ressentir de nouveau ce qu’il a ressenti ce jour là quand il l’a entraîné dans l’eau. Sa voix est terne, sa voix n’exprime rien. Pas qu’il ne ressente rien. Juste que dans cette cabine, il a enfin l’occasion de laisser Haku le voir comme il est. Sans avoir à jouer l’extra méchant (c’est fatiguant), ni sans avoir à jouer l’enfant parfait (c’est lassant). Il finit par se relever, et aller s’assoir sur un canapé qui est là aussi, dans la cabine. “Tant que le bateau se prend pas un iceberg, t'es en sécurité.” Il sait pas pourquoi il continue de parler. Il sait pas pourquoi il ressent comme le besoin de le rassurer. Parce que c’était son idée, de faire ça. Et il voulait le traumatiser. Maintenant, il est plus trop sûr de pourquoi il l’a fait finalement. Ce qu’il sait, c’est qu’il s’ennuie. Et qu’il veut pas, finalement, qu’Haku soit mal. Il veut juste lui faire ressentir des trucs. Des trucs qu’il est le seul à pouvoir lui faire ressentir.
De la colère,
de la haine.
Parce que finalement, c’est  la seule chose qu’il peut  être le seul à lui  faire ressentir. À ce point.

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Colère et peur. Ça se mélange dans sa tête, comme une chanson en disharmonie. Ça se mélange dans sa tête. Et il est pris au piège. Il est bloqué. Le corps qui en tremble. Il est bloqué. Bloqué et de l’eau à perte de vue. Assez pour le faire paniquer. Les fenêtres, hublots, de la chambre comme une zone à risque. Et Kohaku qui reste au milieu. Qui n’ose pas poser son regard vers l’extérieur. La peur qu’il peine à maintenir. L’angoisse également. Il est au milieu de l’eau. Il a sans doute été drogué. Transporté contre son gré. Pour finir sur un bateau. Sans aucune issue. Bloqué. Bloqué. Pire encore. Enfermé. Avec Jun. Tourmenteur. Détracteur. Et il a cette impression d’être une bête acculée. Une bête de foire. Il déteste ça. Alors ses lèvres sont tordues en une grimace hostile. Rictus animal. Bestial. Et de la verve plein la bouche. De la hargne. Qu’il ne l’approche pas. Qui ne lui donne pas ce genre de surnom réducteur. Qu’il ne se permette pas. Cette familiarité dérangeante. Ces mots humiliants qu’il se doit d’accepter de Soobin. Parce qu’il a signé ce foutu contrat. Sans doute qu’il aurait mieux fait de rentrer au Japon. De pleurer au près de ses parents pour qu’ils l’aident. Gamin qui n’avait plus rien. Bloqué dans un pays. Des dettes à payer, des études à rembourser, un appartement aussi. Sans doute … Peut-être que son père aurait fait des heures en plus quitte à se tuer à la tache. Peut-être que sa mère aurait trouvé un boulot, peut-être … Mais il aurait détruit sa famille. Il aurait détruit les gens qui importent. Il ne l’a pas fait. Non. Haku qui ne voulait pas être un poids. Qui préférait encore dormir dehors plutôt que de déranger. Haku qui est tombé entre de mauvaises mains. Un train de vie qu’il paye à présent. Gamin qui croule sous le luxe, sous les marques, sous l’argent. Gamin qu’on pavane. Mais qu’on abandonnera. Tôt ou tard. Qu’on renverra dans la rue, qu’on renverra en bas. Et il n’aura plus rien. Parce qu’il n’a jamais rien eu de base. « Fuck you. Tu m’approches et je te casse les dents. T’as voulu faire de ma vie un enfer ? Bravo. T’as réussi. Mais tu sais quoi ? Ta tante tu ne la reverras pas. Elle ne s’est pas barrée à cause de moi, mais grâce à moi. Elle a fui cette famille de fous, d’ordures que les Nim sont. Et j’aurais fait pareil à sa place. » Il sait bien que c’est pas à lui de lui dire ça. Pas à lui de lui raconter ça. Mais dans le fond. Il a juste envie de lui faire du mal. De lui mettre cette vérité dérangeante en face. De lui dire qu’il n’est qu’un gamin qui pousse les autres dans le bac à sable parce qu’il n’est pas heureux et que donc les autres ne peuvent pas l’être non plus. Il n’en veut pas de ses paroles réconfortantes. Il n’en veut pas de sa fausse compassion. Il n’en veut pas. Il veut rien de lui. De ce monde d’hypocrites, qui se permettent tout sous prétexte qu’ils ont de l’argent. Qui se permettent tout sous prétexte qu’on leur obéira contre quelques billets. Qui … « Tu n’es qu’une ordure qui se cache derrière une image de gamin parfait, mais au final t’es comme tout ce beau monde. Une ordure. Hypocrite. Qui se cache derrière son pouvoir. Tu ne vas pas me jeter à l’eau ? Oh merci de ta gentillesse vraiment. Il ne m’arrivera rien ? Je suis en sécurité ? Tu m’as foutu sur ce bateau. Toi. Parce que ça t’amuse. Tordu. Taré. Tout comme les autres. L’argent vous a pourri dès la naissance. Vous me dégoutez tous. »

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Il aurait voulu lui faire ressentir autre chose. Lui fait ressentir de l’amitié, de la compassion, voire même pourquoi pas de l’amour. Mais ça, c’était avant. Maintenant, y’a plus que la haine qui compte, parce qu’il n’y plus que la haine qui est envisageable. Parce que c’est le seul créneau de libre, et que de toute façon, il refuse de se laisser ressentir ce qu’il ressentait y’a des années en le voyant à la fac. Ce temps là est révolu, terminé. À partir du jour où Haku a commencé sa relation malsaine avec son oncle, qu’il a viré intentionnellement ou non sa tante de chez eux. Jun a fait une croix sur ses sentiments à cette période là. Et c’était pas facile. Mais la haine prenait si vite le pas sur tout le reste que ça l’a été moins que ce qu’il pensait. C’était difficile, mais loin d’être impossible. Et le voilà aujourd’hui, capable de lui faire ressentir des choses qu’il sait être le seul à lui faire ressentir à ce point. Peut-être que Haku déteste d’autres personne, haït d’autres personnes, mais Jun est presque certain qu’il ne déteste personne à ce point là. Il se réjouit de la haine qu’il reçoit. Ça lui fait du bien autant que ça le blesse. Mais il met le sentiment de tristesse de côté, parce qu’il ne veut pas y penser, parce qu’il refuse que ça lui gâche sa réussite. La réussite d’avoir Haku, enfermé sur un bateau en marche, dans une cabine avec lui. En colère et lui criant toutes sortes d'atrocités. Assis sur le canapé, Jun le regarde avec précaution, l’observe avec attention. Il ne l’a pas observé comme ça depuis des années. Ses cheveux blonds, ses yeux amandes, son visage parfaitement sculpté comme une statue de marbre. Et les fringues, qu’il a choisit. Elles lui vont bien. Et le choker autour de son coup, ça fait des trucs à Jun qu’il garde pour lui et pour les soirées d’ennuis. Jun l’a déjà vu trainer avec son oncle, dans des soirées et autres gala, et il n’est jamais habillé comme ça. Il a déjà vu Haku avec un collier. Comme un collier de chien. Un choker avec un anneau, ou avec une plaque, un “pendentif”. Fuck off. Jun a jamais considéré Haku comme un objet qui devrait appartenir à quelqu’un. Malgré ses mots. C’était des mots là pour blesser, parce que lui, a été blessé lors du début de cette relation. Mais il l’a jamais considéré comme un objet à obtenir. Son oncle, si. Le choker qu’il lui a mis, il est simple, il est sobre, y’a pas de froufrous ni de signes d’appartenances. Mais ça dessine son cou, et ça lui va parfaitement bien.
La voix colérique de Haku le sort de son observation. Et s’il réagit pas le début de son monologue, il ne peut pas s’empêcher de réagir à la suite de ses paroles. Sa tante ? Pourquoi il parle de sa tante ? Qu’est-ce que cette femme formidable a à voir là dedans ? Jun le regarde, les yeux froids et un peu plus ouverts qu’à son habitude, sans être dans l’exorbité. C’est bas, de la ramener sur le tapis. Elle n’a aucun autre intérêt à être dans cette conversation que celui de lui faire du mal. Il a la mâchoire serrée et attend. Attend. Respire, essaye d’éviter de tout de suite lui sauter à la gorge. Mais lorsque Haku reprend la parole et lui reproche tout un tas de choses, la seule chose qu’il entend, c’est “t’es comme tout ce beau monde.” Oh non. Non. Il a pas le droit de le comparer à eux. Alors Jun se lève, et fonce en direction d’Haku, rapidement, comme un chien qui se rue sur sa proie. “Don’t you dare...” qu’il lui lance entre ses dents, à quelques centimètres de lui. Les yeux qui lui lancent des éclairs et la voix d’habitude froide remplie d’une colère vive et brûlante. “Ne me compare pas à eux. N’ose même pas penser à me comparer à lui. Lui qui considère les gens comme des objets à manipuler, comme des objets à montrer à la gallerie comme des appartenances. Ouais. Ouais, ma tante a eu raison de se casser loin de lui, mais tu sais quoi ? Ça faisait des années qu’elle en mourrait d’envie et qu’elle m’en parlait. Tu lui as donné la porte de sortie. Mais ça t’a mené où toi, hein ?” Sa voix s’est calmée, mais ses yeux ont pas retrouvé leur froideur habituelle. Sauf que c’est plus de la colère, ça se rapproche plus de l’assurance. Il veut lui faire comprendre les choses, de son point de vu à lui. “Ça te plaît ? De le laisser te présenter comme ça à ses amis, à ses collègues, avec un dog tag au cou comme si tu lui appartenait ? Ou est-ce que c’est ça, finalement ? Tu lui appartiens ? Je suis hypocrite, ouais. Oui, je suis de ceux qui pensent que c’est amusant de jouer avec la naïveté des gens qui pensent que tout ce qui coute de l’argent et forcément mieux et plus précieux. Bien sûr. Oui, je te tiens responsable pour le départ de la seule personne qui me comprenait dans cette famille. Oui, je pense que l’argent peut tout résoudre. Presque tout. Ouais, j’suis clairement tordu, et probablement un peu taré. Mais je ne suis pas mon oncle. Je me joue des gens, et je leur fait du mal. Mais jamais je n’ai considéré un autre humain comme autre chose que ce qu’il était : un humain. Et pas un objet.” Et il est toujours à quelques centimètres de lui, et il lui a dit beaucoup de choses, bien plus que ce qu’il ne comptait lui dire en se mettant à parler. Il ne lui a pas tout dit, n’est pas prêt à tout lui dire. Mais il lui a dit assez. Pour le moment.

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Il va y avoir du sang entre eux. Il se doute. Qu’importe si le soleil ne s’est pas levé rouge, ça ne peut que se finir mal. Haku qui ne se croyait pas capable d’haïr, de le haïr le voilà avec la hargne au corps, la rage dans ses yeux, la verve assassine. Les mots qui se veulent mauvais, et dans une hystérie étouffante un besoin évident de lui faire du mal. Jun qui sait toujours quoi dire, quoi faire juste pour mettre ses nerfs à vif, le mettre à nu. Cible personnelle de l’héritier soi-disant angélique, l’indifférence d’Haku qui sature à force d’attaque. Il a tenté, de nombreuses fois de faire comme si de rien. Comme si les actions de Jun ne l’atteignaient pas. Mais le mettre en danger … Jouer de ses peurs, c’est au delà de quelques attaques. C’en est assez. Et Kohaku craque. Comme un diamant qui se brise en éclats, sa voix d’habitude mélodieuse qui prend des teintes disharmoniques. Les attentions mauvaises, les remarques qu’il ne devrait pas faire et la comparaison. Jun qui aura beau se donner un genre, il reste le même que les autres. Gamin qui se cache derrière son pouvoir, derrière son argent. Pas mieux que le reste de sa famille. Tous à se juger supérieur, à agir comme tel. Soobin, Jun, la même affaire. Sa fausse compassion, ses assurances, son réconfort, il peut les garder. Il n’en veut pas. De cette pitié pour mieux le manipuler. Il connaît le jeu. Il connaît l’attitude. Il n’en veut pas. Alors il se montre amer Haku, exécrable. Du venin plein ses lèvres, et des éclats durs dans les yeux. Il lui parle de sa tante. Il sait bien que c’est là le problème. Sans doute la seule qui valait le coup. Et à cause, ou grâce à lui, elle est partie. Elle s’est sauvée du royaume de Nim, et ça, ça dérange Jun. Il le sait. Alors il appuie là où ça fait mal Haku. Et il enchaine. En voyant sa mâchoire serrée, ses poings également il enchaine. La comparaison facile. Jun comme tous les autres. Et ça le dérange. Point douloureux sans doute de ne pas être au dessus des autres, de ne pas être au dessus de la plèbe, de ne pas être singulier. Unique. Le dégout dans sa voix tandis qu’il le rabaisse. Le ramène à sa juste place dans son hystérie douloureuse. Kohaku qui voudrait juste être ailleurs. Le simple fait d’être enfermé au milieu de la mer, de l’eau l’angoisse. Et elle refuse de se calmer cette hystérie. Même lorsqu’il devrait s’inquiéter. Jun qui fond sur lui comme un rapace, et Haku qui recule à peine. Jusqu’à être acculé contre le mur. Mais le regard qui refuse de se baisser face à celui de Jun le surplombant. « Oh … Tu es pathétique. Tu comprends son départ mais tu me tiens comme responsable ? Grand seigneur à ne pas vouloir être comme les autres, mais pourtant tu agis de la même manière. Il te faut un coupable donc tu prends celui qui ne peut rien contre toi. Peur d’attaquer Soobin ? » Le ricanement est mauvais sur ses lèvres, grimace abjecte tandis qu’il se refuse à baisser les yeux. Se refuse à lui montrer à quel point ça le touche. Il déteste ça. Ces colliers, ces surnoms, cette attitude. Il déteste ça. Tellement. Ce côté humiliant, mais l’assurance qu’il ne lui coupera pas les vivres s’il accepte. L’assurance qu’il ne le renverra pas dans sa misère ou pire encore. « The fuck, t’es jaloux ou quoi ? Envie de me passer un collier au cou ? T’es vraiment comme lui. Ce besoin de diriger, ce besoin d’avoir tout ce que tu veux. C’est la même chose … Tu ne me considères pas comme un objet ? Think again. » Le sourire est mauvais, et Haku passe ses bras autour de son cou, l’arrogance dans ses yeux, et le fiel dans sa voix. « Si tu t’amuses avec moi, c’est pour lui faire du mal aussi non ? Vous êtes les mêmes. La même pourriture. Sauf que daddy, il m’aime, il prend soin de moi alors que toi … Tu es incapable d’aimer. S'il n’y a pas de contrepartie, l’ange de la Corée n’est pas intéressé. T’as besoin d’avoir quelque chose en échange de faire battre ton cœur un peu. Tordu. Tellement tordu. Mais t’inquiète pas, j’dirai rien, j’ai autre chose à faire que de détruire la réputation des gens. Alors prends tes affaires et casses-toi. » La main qui se referme sur sa nuque avant de l’éloigner d’un coup sec. Qu’il s’en aille. Qu’il le laisse. Il a plus envie Haku. Plus envie d’être un jouet. Plus envie. Et tellement fatigué de tout ça.

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Il ne regrette pas ses mots. Il pourrait, parce que c’est clairement pas quelque chose de sympathique à dire, ou à entendre. Jun en est conscient. Mais il veut juste mettre Haku sous ce que Jun considère la réalité des choses. Son oncle est un connard. Une vraie enflure. Et il le déteste. Il le déteste de base. Plus que ses parents. Il ne s’entend pas avec ses parents, parce que eux et lui ne se comprennent pas. Mais son oncle c’est pire. Et c’était pire bien avant que Haku ne soit pris dans l’équation. C’est juste qu’avec l’ajout d’Haku, c’est plus juste qu’il le déteste. Non, il le hait. Le fait qu’il ait fait partir sa tante pour rester avec Haku, le fait qu’il ait commencé à le  montrer comme son chien, non, comme sa chienne, à toutes les soirées un peu dorées où Jun devait aussi assister. Et le fait qu’aujourd’hui, Haku se comporte de cette façon là, comme s'il avait juste accepté. Comme si c’était normal que quelqu’un le traite comme ça. Jun, ça le rend fou. De rage. Contre Soobin. Et un peu aussi contre Haku. Il mérite d’être une âme libre, un homme capable de ses propres choix et de ses propres décisions, merde. Et s’il voulait tant ne pas l’être, alors  il aurait pu venir vers lui. Il aurait pu lui offrir des sacs à dix zéros aussi, lui. Si haku voulait de la visibilité et du pouvoir, il aurait pu venir le voir. Il en a probablement, non, il en a plus que Soobin. Parce que contrairement à l’autre vieux crouton, Jun touche toutes les cibles possibles de toucher. Les enfants l’adorent parce qu’il est souriant et qu’il est leur parfait “oppa”. Les adolescents veulent lui ressembler parce qu’il est classe. Les adolescentes sont juste toutes à ses pieds. Les mères et les pères le veulent comme beau-fils. Et les grands-parents l’aiment et aimeraient l’avoir comme petit fils. Pour eux, c’est un peu particulier. Parce que c’est probablement lié avec le fait qu’ils soient la seule catégorie de personnes avec qui il est sincère. Il a plus de regards portés sur lui que Soobin, les gens le préfèrent à Soobin. Alors pourquoi il a été vers son oncle, moche et vieux, plutôt que vers lui, beau et jeune ? Ok, oui, Jun a jamais rien fait pour lui montrer qu’il pouvait être intéressé, mais c’est malgré tout quelque chose qu’il a du mal à avaler. Ça l’emmerde, et ça l’énerve. Puis, cette façon qu’il a, Soobin, de le traiter… Fxck. Au moins, qu’il le traite bien. Il mérite ça, au moins, Haku. Il mérite même plus, mais ce serait trop en demander à quiconque de la famille Nim de bien traiter quelqu’un, réellement.
La proximité avec Haku semble lui faire perdre doucement, lentement, mais surement pied avec la réalité. Parce qu’il se rend compte, à cette distance là, à quel point Haku est beau. Il l’a toujours su, de toute façon il aurait pas intéressé Soobin sans ça, mais ça faisait un moment qu’il avait pas pris le temps de constater à quel point. Ses yeux sont magnifiques, ses lèvres sont parfaitement plump et son nez semble avoir une forme proche de parfaite. Jun aime ça, la perfection. Bien plus que la simple beauté basique, ou le charme. Lorsque Haku prend la parole, c’est avec des mots qui brûlent. Et qui lui font mal. Parce qu’il lui parle de sa tante, encore. Et Jun n’a jamais parlé de sa tante à quiconque, encore moins autant, et encore moins pour s’entendre dire ce que Haku est en train de lui dire. Peur. Il lui demande, l’accuse plutôt. S’il a peur de Soobin ? Non. Oh non. Chez les Nim, la peur est pas un sentiment qu’on connaît. Les gens ont peur des Nim. La mère de Nim a des cadavres sur les bras. Rien ne lui assure que personne n’a jamais été tué dans la cabine dans laquelle ils se trouvent. Jun n’a pas peur de Soobin. Il le hait. Jaloux. Le mot résonne dans son esprit. Assez pour que Jun oublie d’écouter le reste. Est-ce qu’il est jaloux ? Est-ce qu’il l’est ? Non. Non, il veut juste que Soobin le respecte. Merde, pour une fois qu’il veut pas se comporter comme un connard, faut que Haku lui rappelle que sa famille entière est composée de connards, et qu’il ne peut juste pas échapper à son destin. Au destin d’être rattaché à eux pour toute sa vie. Et tout ce qu’il dit ensuite sonne faux à ses oreilles. Parce que rien n’est vrai, mais aussi parce que la façon dont il prononce daddy lui donne envie de gerber.
Et lorsque Haku finalement s’éloigne, Jun peut juste pas le laisser partir comme ça. Il peut pas. Parce que tout est faut. Dans tout ce qu’il a dit, y’a pas un seul truc de vrai. Et il peut pas le laisser partir en pensant tout ça. Et parce qu’il a pas la patience, ni les mots pour rectifier ses pensées, il fait la seule chose qu’il ne pensait pas faire, et le  colle à lui avant de poser ses lèvres sur les siennes. Il le tient en place, alors que le contact semble s’éterniser. Jun se rend pas compte si Haku se débat ou non, il a l’impression que la terre s’est arrêtée de tourner. Et lorsqu’il le relâche, il le relâche pas, prend sa main dans la sienne et dit, d’une voix qu’il se surprend lui-même à entendre si stable “Revois ta façon de pensée Kohaku. T’as tout faux.” Il pose la main d’Haku sur le centre haut de son torse, et il sait, sent, que son coeur bat bien plus vite qu’il ne le devrait forcément. “Maintenant, ose me dire que je demande quelque chose en retour.” Et il le lâche, prend ses affaires, sort la clé de sa poche et ouvre la porte, prenant la poudre d’escampette plus rapidement qu’il ne l’avait jamais fait avant. Il marche, marche, marche, sans se retourner. Et une fois dans un endroit qu’il est le seul à connaître du yacht, tombe par terre, la main sur le visage. What the hell did he just do ?