내 이야기, STORYTIME | La vie est une garce qui vaut la peine d'être vécue. Avril 96, des petits cris poussés au travers d'une porte et une mère en pleurs devant ce couffin à ses pieds. La bien triste réalité sur la naissance de Meena, petit bout de fillette abandonnée au bon soin de la voisine, une charmante septuagénaire qui lui a appris à lire, écrire et compter, les bases d'une éducation oubliée.
Vers l'âge de six/sept ans, il lui arrivait parfois de rester derrière cette porte close, à devoir se débrouiller par elle-même, se recroquevillant quelques fois sous les couvertures lorsqu'un bruit se suspendait à ses oreilles. Trop terrifiée à l'idée même que sa mère, alcoolique, ne rapporte avec elle la déchéance de son esprit. Quelques coups le soir pour faire taire cet enfant, quelques verres de plus pour s'endormir. Ses jeunes années furent tintées de noirceur et d'inquiétude, grandissant dans un monde inconnu.
Autonome et indépendant, Meena fut en charge, bien trop jeune, de sa mère. Apprenant avec une naïveté enfantine, la vérité sur le travail de celle-ci, lorsque les traces de coups, et les restes de ses clients disparaissaient sous les jets glacés d'une douche. Un taudis pour seul refuge, une voisine bien trop vite partie et quelques restes de nourriture pour seul repas. Ne pas vivre, seulement survivre.
Vers douze/treize ans, ses premiers pas hors de chez elle furent laborieux et une vérité découverte, l'extérieur fut un terrain de jeu plein de frayeur et d'aventures. Quelques situations délicates mouvementèrent ses journées, et très vite, un caractère de femme libre et forte se révéla, la poussant à garder des distances avec les gens.
Ce ne fut que vers l'âge de seize ans que ses mauvaises fréquentations prirent le dessus, n'ayant jamais connu son père, l'idée même d'abandonner cette mère lui caressa l'esprit dans un presque soulagement. Peu de bagage en poche, un regard nouveau sur l'horizon et elle finit par voyager parmi les squattes de passage. Se contentant de peu, jouant parfois avec la mort, Meena a effleuré le besoin de déployer ses ailes, de goûter enfin à la vie. Les drogues, l'alcool, le sexe, furent ses addictions pendant un temps, jusqu'à ce que le souffle de la nouveauté ait pris fin.
Ses longues heures dans ce lit d'hôpital, revenant à la case départ, les pleurs d'une jeune femme qui se perd, le portrait d'une bien triste figure maternelle qui se dessine lentement devant ses yeux embués et le désir profond de ne pas lui ressembler.
Vingt ans, de petits jobs en petits jobs, un appartement en colocation, des amis qu'elle ne connaît pas, et ce sex-friend qui la frappe à sa guise. Elle a beau hurlé au monde qu'elle va mal, son cri reste silencieux, coincé au fond de sa gorge, elle expire difficilement les ténèbres qui l'assaillent.
Alors que ses pupilles se dilatent devant la publicité de cette nouvelle télé-réalité, son besoin constant de découvrir ce que le monde peut lui offrir lui amène à passer ce coup de fil, qui espère, inconsciemment, va changer sa vie...
Petite pépite que la vie a brisé, que le temps veut guérir. Croque la vie, Bitch, avant que ce soit elle qui te bouffe !