we’re all a little damaged | @han amaury
il sourit devant ses camarades, mange et parle avec eux le temps d'une heure ou deux, puis s'éclipse sans un mot. aujourd'hui, il n'a ni la tête à plaisanter, ni à dessiner et c'est vers les chambres qu'il est reparti alors que les horloges affichent quinze heures. il ne fait pas très bon dehors, la pluie en fond sonore, mais il aurait pu faire grand soleil que ça n'aurait rien changé. hanyeol ne se sent pas très bien, pas très à l'aise d'un coup et les caméras deviennent oppressantes. il ne gratifiera pas le public de ses boutades ni de ses dessins colorés, même sa présence est regrettée. pourtant ça continue de tourner, même ici dans l’annexe la plus privée. il est devant une fenêtre du couloir, l’esprit à des kilomètres d’ici… en sûreté. il a le cœur pris au piège dans une cage de verre, aussi fragile qu’étouffante et il ne sait plus comment faire, comment agir pour cacher la douleur. il devrait sourire tout l’temps, ne plus penser au pire et se laisser porter par la vague délirante de cette émission. ici les esprits se bousculent, tous différents mais pas moins solitaires, tous solidaires malgré les écarts. même lui, s’est lié à des personnes qu’il n’aurait probablement jamais regardées dehors. et tout ce temps passé enfermé ici ou suivi par les caméras, tout ce temps consacré à l’émission lui a bousillé le cœur. il est triste hanyeol, malgré les rires. ses yeux ne pétillent pas, malgré les efforts et il a réussi à tenir, toutes ces semaines. il n’a pas cédé une seule fois, mais aujourd’hui ses mains tremblent. il s’éloigne de la fenêtre pour rejoindre la chambre où demeurent ses affaires, l’objectif clair de se foutre en l’air. il s’éloigne et dans la foulée, percute quelqu’un sur le chemin. il se ressaisit et s’excuse, mais lorsqu’il lève les yeux sur un visage amical, son esprit vacille. « oh maury… c’est toi, hé. » il a le regard agité et, à moins que son ami ne reparte sans rien dire, il voit ses plans couler. il essaie quand même de s’échapper en dépassant le jeune homme, filant droit vers les chambres sans plus se justifier.  

we’re all a little damaged | @moon hanyeol

quinze heures, l'heure de tous les possible ; je me hâte de rentrer à pas pressés après avoir payé le chauffeur de taxi sans vraiment pouvoir échapper à la pluie. c'est une agréable journée, ne vous laissez pas tromper par la pluie car il y a des tas de choses dont on peut se réjouir ; la résolution d'une affaire criminelle qui s'est étendue sur six années, des agriculteurs heureux, des plantes en train de se réjouir dans un silence insoupçonné, un cycle qui se répète continuellement. je salue certaines personnes -bien que mes bras soient très chargés- et me dirige directement dans les chambres pour prendre une douche et me changer rapidement. maintenant que j'ai terminé le travail il n'y a pas beaucoup de choses que j'attends de cette journée. j'enfile des vêtements, remet mes chaussures d'intérieur et alors que je marchais vers ce couloir je percute hanyeol. hanyeol qui n'a pas l'air d'être la moitié de lui-même aujourd'hui. « oh désolé » comme à mon habitude je m'excuse automatiquement mais il n'a même pas l'air de vouloir attendre d'excuses qu'il se dirige vers les chambres. « tout va bien ? » que je demande sans avoir de réponse. pourtant j'avais parlé suffisamment fort. probablement ? dans le doute, à grands pas je comble la distance entre nous pour attraper son bras et réitère « hanyeol, tout va bien ? » l'expression sur son visage dit le contraire. deux expressions semblent vouloir coexister sur son visage mais elles ne s'assemblent pas bien. à force de vivre avec les caméras, je saurais presque dire où elles sont alors j'attire le jeune homme un peu plus sur la droite et me met en travers de la caméra pour chuchoter « qu'est-ce qu'il se passe ? »

we’re all a little damaged | @han amaury
fuir a toujours été sa meilleure des défenses et malgré les mains tendues pour lui, il refuse de les attraper. il est plus facile d'affronter ses problèmes seul, plus facile de se décevoir lui-même que les autres – leurs jugements l'effraient plus que sa santé déclinante. il préfère se noyer dans la culpabilité qu'admettre ses faiblesses devant ceux qu'il admire. ou ceux qui croient en lui, comme ses parents dernièrement. plus présents. sa mère l'appelle tous les deux jours et il ne pourrait sûrement pas tenir sans son soutien, peu importe combien il le nierait si on lui posait la question. fierté tenace. alors hanyeol fuit devant son camarade, devant le jeune homme qui perturbe ses pensées plus qu'il ne l'admet. « ouais... ça va. » son bras pris au piège entre les doigts d'amaury et l'artiste ne s'en échappe pas, résigné. il ne saurait le regarder droit dans les yeux cela dit, alors il garde la tête baissée pendant que son coeur joue au trampoline là-dessous. il reste stoïque assez longtemps pour oublier la présence des caméras, comme s'il n'y avait qu'eux deux ici et c'est sans doute le cas. s'ils parlent assez bas, on ne les entendra pas. mais hanyeol est nerveux. « laisse-moi tranquille, tu veux ? c'est pas le moment. » quand la fuite ne marche pas, il se protège autrement et c'est l'animosité qui l'emporte. il lève les yeux vers lui et le pousse doucement, juste de quoi lui demander de s'écarter. il a besoin de quelque chose pour calmer ses nerfs, pour apaiser la peine – pour planer et oublier le temps d'une journée. il a besoin de se déconnecter du monde, juste un instant. « s'il te plait.. » il réalise et regrette déjà l'image qu'il lui donne, bien piètre, bien différente du doux garçon réservé qu'il avait l'habitude de montrer.  

we’re all a little damaged | @moon hanyeol

ses mains tremblent et il est irritable. il est irritable et ses mains tremblent. dans ma tête les connexions se collent si vite l'une à l'autre mais je voudrais pouvoir en douter avant d'en avoir les preuves sous mes yeux. il n'est généralement pas irritable du tout et je ne l'ai jamais vu avec une cigarette à la main depuis le début de cette émission. je ne suis même pas certain d'avoir réagit à sa violente réaction mes pensées étant déjà orientées autre part, vers une inquiétude certaine mais qui n'était certainement pas justifiée. la violence n'a de toute façon jamais été une solution durable pour moi. « excuses moi, c'était peut être déplacé » je constate avec beaucoup de calme en m'écartant. je le laisse se rendre en direction des chambres. et avant qu'il n'ait l'idée de bloquer la porte, j'y cale mon pied avant d'entrer à mon tour, refermant la porte derrière tout en m'adossant à celle-ci les bras croisés. « il y a un problème ? j'avais besoin d'aller dans les chambres moi aussi, ne fais donc pas attention à moi » si c'est ce que j'imagine, je jetterai ça aux toilettes directement sans y réfléchir. je suis après tout l'aîné de nous deux, et même si je restais fils unique il y avait des réflexes qui revenaient continuellement.

we’re all a little damaged | @han amaury
la gentillesse d'amaury le fait déjà culpabiliser sur son attitude et il reste silencieux un moment, le temps d'accepter ses excuses avant de fuir vers les chambres. seulement, il ne s'attendait pas à voir le plus âgé suivre ses pas comme si de rien n'était. hanyeol aurait bien fermé la porte si son ami n'était pas entré. il lui lance des petits regards avec appréhension, mais ne le voyant pas bouger, il se demande quelles sont les vraies raisons de sa présence ici. « non aucun. » difficile de ne pas faire attention à lui quand amaury ne fait rien d'autre que rester adossé contre la porte. hanyeol lui tourne le dos et se dirige vers son lit, mais le voilà coincé. il fait mine de fouiller son sac à dos, puis le pose sur son lit sous la surveillance – il suppose – de son ami silencieux. « tu es venu quoi faire ? » tente-t-il pour le distraire, puis sa main s'échappe vers l'oreiller et plus précisément à l'intérieur, pour y chercher un objet caché dans la doublure. une boite transparente et quasi vide, d'anxiolytiques auxquels il n'a plus droit en théorie. dépendance née il y a des mois et l'argent gaspillé dans ces pilules miracles, qui en réalité démontent ses efforts un à un. mais il ne le voit pas ainsi, lui. il ne fait plus attention au plus âgé lorsqu'il contemple la boite entre ses mains, presque hésitant. l'angle des caméras qu'il connaît assez pour leur montrer son dos. deux comprimés lui semblent assez, ou peut-être trois pour être sûr et il les fait tomber sur la paume de sa main. il les fixe un peu trop longtemps. « t'es sûr de vouloir rester ? j'me casserais, à ta place. » il n'a peut-être pas oublié amaury, finalement. il ne sera pas de bonne compagnie aujourd'hui, si toutefois il l'est d'habitude.. ah ça ne va pas. alors il ferme les yeux, prêt à tout avaler d'une traite et il compte à revers – trois, deux, un...  

we’re all a little damaged | @moon hanyeol

ses mains tremblent, il est irritable. certaines de ses paroles manquent de sens à cause de la précipitation. la liste semble s'alourdir de choses qui ne vont pas à son avantage. les premières secondes mon dos reste collé à la porte. il n'est pas si loin que ça finalement ce n'est pas comme si je ne pouvais pas le voir mais il semble beaucoup trop préoccupé par les caméras et je prétend ne rien voir du tout en tournant ma tête à l'opposé. « il y avait beaucoup trop de monde dans la cuisine alors, je reporte mes activités à plus tard » un grand pas, et puis un autre, suivi d'un autre. mon lit est littéralement celui à côté du sien alors la distance n'est pas si difficile à combler. deux autres pas silencieux. puis un, puis deux et un dernier et j'y suis. et face au moment fatidique il n'y a pas beaucoup d'options qui se présentent à moi. et si je ne voulais pas utiliser la violence précédemment elle devient presque une solution ; ma main attrape la sienne alors que l'autre main libre appuie au niveau de son omoplate pour plaquer son torse contre le lit. le geste bien qu'assez rude reste inoffensif. pour sécuriser cette posture et libérer ma main je place mon genou sur son dos évitant la colonne vertébrale et tire sèchement sur mon micro pour le retirer avant de le lancer à l'opposé de la pièce « désolé... » je murmure en attrapant l'oreiller. je le pose au niveau de son dos et ma main libre fais rapidement le tour avant de trouver ce que je cherchais. « tu peux continuer de m'insulter si ça peut te calmer mais » je met la boîte dans ma poche avant de poursuivre en forçant un peu sa main à s'ouvrir « la suite des évènements est facile à imaginer » les comprimés finissent dans ma main et je le libère de mon emprise pour courir dans la salle de bain de la chambre sans prendre le temps de fermer la porte derrière moi. le geste final ne me demande de toutes façons que quelques secondes. le bruit de la chasse d'eau étant la conclusion finale de toute cette histoire. ou du moins d'un chapitre. je m'adosse au mur de la salle de bain et pose les yeux sur hanyeol comme je ne l'avais jamais vu depuis le début de l'émission. pourtant ma vue ne semble pas être surprise de quoi que ce soit. il va sans doute vouloir me frapper. enfin, pas lui mais, l'essence même de son addiction.