내 이야기, STORYTIME | Une citation...


Petite, oui. Parce qu’elle était petite. Tellement petite. Pas plus haute que trois pommes. D’abord la rue, gamine abandonnée devant un hôpital. Puis l’orphelinat, une pouponnière pour gosses dont personne ne voulait. Et enfin, une famille d'accueil, qui n’avait rien d’accueillant, mis à part le nom. De la maltraitance ? Oui. Des coups. Des gifles. Et les repas passaient parfois sous son nez, sans qu’elle ne puisse y toucher. Le dessert ? Elle n’y avait pas le droit non plus. A la place, elle devait juste débarrasser. Et quand elle débarrassait, avec ses petites mains, et qu’elle cassait un verre ou deux, essayant de les laver à l’évier… Un nouveau coup. Et un autre. Des bleus. Des larmes. Elle tremblotait. Et elle finissait enfermée. Dans un placard, dans une buanderie, dans une cave. Alors Soli déteste le nuit, hait le noir, craint la pénombre, aujourd’hui encore.

Et sur son corps, de nombreuses traces. Des cicatrices. Des coupures, quelques brûlures, même. Certains prétendent qu’elles lui viendraient de ses nombreuses bagarres. Et Soli laisse faire. Laisse dire. Mais c’est faux. Des bagarres ? Non, pas des bagarres. Car elle ne pouvait pas riposter, à l’époque. Riposter aux coups qu’on lui donnait, car ils étaient si grands, et elle si petite.

Envoyée en foyer. Parce que gamine à problèmes. A problèmes, parce qu’elle avait osé riposter contre le père de famille, dont la main s’était aventurée là où il ne fallait pas. Elle avait commencé à grandir, la petite. Elle n’était plus aussi petite. Et elle était devenue jolie, encore plus jolie. Un corps de femme, tout juste en devenir. Un corps de femme qu’elle commença à haïr à ce moment précis. C’était donc ça, d’être une femme ? Elle ne voulait pas. Elle n’en voulait pas de ces seins, qu’il avait tenté de caresser. Ni de ces fesses, qu’il avait essayé de… Elle ne voulait de rien. Rien de tout ça. Elle l’avait frappé, avec sa lampe de chevet. Il avait saigné. Tous s’étaient réveillés. Elle s’était faite engueulée. Frappée en retour. Tabassée. Et le lendemain ? Envoyée en foyer.

Foyer. Une prison, d’un autre genre. Survival of the fittest. Tu manges, ou tu te fais manger. Et Soli a décidé de manger. Elle est devenue un bonhomme. Ses attributs féminins ? Noyés sous les vêtements. Et elle a commencé à mordre. A frapper. A griffer. Elle traînait avec les mecs. Seule fille de la bande. Fille ? Non. Pas de Soli Noona. Sol Hyung à la place.
Elle écrivait, depuis petite. Depuis toujours. Elle rappait. Rappait au milieu de ses potes. Rappait dans son quartier. Rappait au foyer. Quelques concerts, ici et là, pour le fun. Puis on l’a remarquée. Quelques concerts. Des disques. La consécration. Un enchaînement. La nouvelle sensation du rap. La Cardi B made in Kr. L’argent, le fame, la consécration. Mais la solitude. Puis la télé. Une émission. Télé-réalité ? Télé-poubelle, ouais. Mais elle a été balancée dans la poubelle, de force.

Mais finalement… Ce n’est pas plus mal. Dixit Soli in Solo, forcée de socialiser sous les caméras. Et elle rencontre des gens. Et elle se fait des amis.
Et elle s’y plaît. Un peu. Mais faut pas le répéter.