Ootd - C’est comme un entre-deux. Qui dure. S’allonge. Et il se demande toujours si c’est une bonne idée. Le traumatisme toujours présent, les paroles de Jun également. Son regard sceptique sur les autres, ne sachant pas encore sur quel pied danser. C’est sa fosse aux lions personnelle cette maison. C’est là où il doit tenir une image, mais assez attirer l’attention pour décrocher des contrats. En vrai le public il n’en a pas grand chose à faire. Mais en même temps il sait bien que de ne pas avoir un minimum de popularité ça n’aide pas. C’est difficile. Il n’a pas l’aisance de Jun, le je-m’en-foutisme de Daw. Il est juste lui avec ses angoisses et ses peurs le tout caché derrière des lunettes griffés et des fringues de marques. Le tout caché derrière une assurance folle et une hystérie palpable. Des faux-semblants dans lesquels il se drape espérant tenir la distance. Besoin de tenir la distance. C’est bête un peu, mais malgré le côté fermé, c’est sa bouffée d’air frais. Sa liberté. Il n’a plus de chez lui Haku. Plus vraiment de maison, parce qu’il vit chez lui. Penthouse tout en haut d’une tour à Gangnam, comme une amante qu’on exhibe. Une prison dorée. Le loft n’est pas à lui, un jour il pourrait bien y trouver porte close. Mais il ne veut pas y penser. Les pensées moroses sont déjà de mise, autant ne pas en rajouter une couche. Il avait espéré en sortant pouvoir un peu d’intimité, déjà prêt à payer les caméras comme il le faut. Mais Daddy a été intraitable. Les sorties privées lui reviennent. Et pour l’instant il n’a pas le temps de le voir. Et le sourire en coin de Jun lui a fait serrer les dents, parce que la déception était palpable. Non pas de ne pas le voir. Mais plutôt la réalisation qu’en sortant de cette maison il sera sans aucun doute à la rue parce qu’il se lasse. Le taxi l’a amené jusqu’à cette enseigne pour ce rendez-vous tant attendu, et lorsqu’il arrive à la hauteur de Hanyeol, l’étreinte est naturelle entre les deux. Déjà il oublie l’équipe de tournage derrière lui et serre juste le garçon plus âgé contre lui. Hanyeol a toujours été là pour lui depuis son arrivée en Corée. Et il sait, évidence tendre qu’il sera toujours à ses côtés. C’est sa bouffée d’air frais dans son monde tordu. Sourire il enlève ses chaussures de marque pour les laisser à l’entrée. Ça lui rappelle son semestre à la fac, ça lui rappelle les repas qu’ils ont souvent passés à deux. Même s’il y a toute l’équipe de l’émission. Alors poliment quand il entre, il remarque la patronne et s’incline pour s’excuser. Ça lui ressemble à peine, mais son côté presque ingérable, il le tient dans la haute. Ici il a l’impression de n’être qu’un gamin, et ça le soulage. Il se glisse sur un coussin, la table dans un coin du restaurant et enlève finalement ses verres fumés. « David Bowie pourrait te répondre mieux que moi. » Référence à une chanson légendaire de l’artiste, il laisse échapper un rire, avant que sa main ne vienne s’enrouler autour d’une de celle de son ami. « Fatigante à 2000 à l’heure … Et toi ? Mercure a ses charmes ? » La question est légère plus que celle que lui pose Hanyeol. Et il ne peut que sourire faiblement. « On fait aller ? Il faut juste s’adapter, mais ça ira … Et toi ? » Réponse cryptique pour les téléspectateurs, son ami sait ses troubles, connaît ses peurs, et ce qui peut le déranger dans cette maison, qui peut le nuire aussi.

Ootd - Il a l’impression de revivre. Il a l’impression de pouvoir être enfin lui même. Pas de faux semblant, pas d’image cultivée jusqu’à ce qu’elle devienne un masque. Jusqu’à ce qu’on oublie le garçon derrière. Hanyeol est sa bouffée d’air frais. Hanyeol sait. Il le connaît depuis toujours ou presque. Depuis son arrivée à Séoul. Sa main tendue vers lui. Sa main qu’il a toujours gardée dans la sienne. Hanyeol qui ne l’a jamais abandonné. Malgré tout. Malgré ses choix. Ou son absence de choix. Hanyeol est resté. Quand d’autres ont disparu de sa vie, Hanyeol est resté. Figure intangible de sa vie. Importante aussi. Tellement. Et il ne peut que l’avouer. Il lui a manqué. Sa main qui s’enroule autour de celle de son ainé dans un automatisme tandis qu’ils échangent des banalités cryptées, les messages derrière qu’eux seuls comprennent et non l’équipe de tournage. Comme s’il n’y avait qu’eux. Comme s’ils étaient remontés dans le temps, lorsqu’ils allaient encore à l’université ensemble, lorsque l’avenir ne semblait pas si sombre, si vide. Et il ne peut qu’être soulagé Haku. Soulagé qu’Hanyeol se sente bien dans la maison. Parce que si de son côté il avait fini par se fondre dans son rôle, comme une deuxième peau, il ne pouvait que s’inquiéter pour Hanyeol. Hanyeol qui ne sent pas vraiment bien. Jamais vraiment. Hanyeol qu’il aimerait juste voir sourire un peu plus souvent. Alors ça le soulage de savoir que l’expérience, l’émission a du bon pour lui. Et pourtant le cœur de Kohaku loupe un battement. Et pourtant son sourire se fige comme une fissure dans de la porcelaine. Et la main dans la sienne n’est plus qu’un souvenir. Il ne devrait pas se sentir blessé par ce geste. Il ne devrait pas se sentir blessé par les mots qui suivent. Mais c’est difficile. Parce que c’est Hanyeol. Son meilleur ami. Son âme-sœur platonique. Hanyeol. « Non. » Ses mots sont acides. Plus qu’il ne le voudrait. « Tu n’as pas à t’occuper de moi Hanyeol … Je … » Ce n’était pas une question de fierté à l’époque. Ce n’était pas une question de choix. Et il se souvient encore des mots de son ami. Il se souvient encore de ces échanges dans le désespoir, du silence qui avait suivi. Il se souvient. Il se souvient. Ses bras qui s’entourent autour de lui et l’envie de remettre ses lunettes sur son nez. Une barrière de plus. Il ne devrait même pas avoir à ressentir ça. Ce n’est pas juste. C’est presque un peu cruel de la part d’Hanyeol. Mais sans doute qu’il le mérite. Sans doute parce qu’il n’est pas le meilleur ami qu’on rêverait d’avoir. Parce qu’il a repoussé les mains tendues vers lui à l’époque, la pitié de son cousin, les tentatives d’Hanyeol. Parce qu’il ne voulait pas les voir se détruire, s’endetter, se mettre dans les ennuis juste pour lui. Ce n’est pas une question de fierté. C’est une question d’absence de choix. Il aurait du rentrer au Japon. La phrase est non dite mais elle plane souvent entre eux comme un regret, comme une attaque, comme un tabou. « Chanel. Si tu veux une paire, prends la, je dois en avoir une autre qui traine dans mon sac. » La remarque est banale, il est un peu perdu Haku. De ce changement de discussion, il ne sait pas trop pourquoi ils sont à ce point inconfortables. Pourquoi les mots se choquent. Pourquoi les phrases blessent. Et c’est presque hésitant qu’il délie ses bras Kohaku. Qu’il laisse une de ses mains sur la table, paume vers le ciel comme une invitation. Sans le forcer. Il ne forcera jamais Hanyeol. Non. Pas quand il sait à quel point le monde, les gens, tout peut être un trop plein. Un trop plein trop difficile.