[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ∞ Deux semaines qu’il l’évite. Bien sûr qu’il l’évite. Ce qu’il s’est passé dans cette cabine, ça aurait jamais dû se passer. Heureusement qu’il n’y avait pas de caméras aux alentours. Quoique, Jun est même pas sûr que ce soit cent pour cent vrai. Après tout, c’est le yacht de sa mère. Et même si elle a probablement nettoyé les cabines et les cachettes de tous les sachets de poudre blanche qu’il y avait avant qu’elle ne laisse monter un groupe de jeunes sans vergogne dessus, Jun est pas sûr qu’elle les ai laissé totalement sans surveillance. Pour peu qu’elle ait placé des caméras dans les cabines pour vérifier qui a fait quoi et si des choses sont cassées, à qui demander des réparations. Puis ça expliquerait les regards noirs qu’il a reçu depuis que la soirée est passée. Ce baiser aurait jamais dû avoir lieu. Cette relation aurait jamais dû se développer comme ça. Jun en l’embrassant, a pris une fourche de la liste des possibles dans leur relation qu’il aurait jamais dû prendre. Alors il l’évite. Il a plus envie de l’emmerder, il a plus envie d’être proche de lui. Parce qu’être proche de lui, c’est un souvenir constant qu’il ne doit pas l’être. Que Soobin est le connard qu’est
proche de lui. Alors Jun ouais, il l’évite. Il passe son temps dehors, ou avec Daw, ou avec d’autres personnes. Mais il laisse Haku faire sa vie. Et c’est un changement évident dans la maison.
Il a soif. Il a soif, alors il va dans la cuisine. Sauf qu’il n’arrive pas à s’approcher des verres, ni de l’eau. Parce que Haku est déjà là, et à ses pieds, des bouts d’assiettes et autres fournitures. Il casse des trucs, manifestement de colère. Ou de frustration. Et Jun est pas con, il est pas aveugle, il sait que c'est de sa faute. Que Haku aimerait probablement que ces assiettes, ce soit lui. Mais il agit comme s’il ne savait pas, comme s’il ne comprenait pas. Parce qu’il est devant les caméras. Et qu’il ne peut décemment pas arracher Haku a sa colère en le secouant pour lui remettre les idées en place. Il pleure en lui disant qu’il le déteste. Ouais. En ce moment, Jun a du mal à s’apprécier aussi. C’était facile de détester Haku quand ils se voyaient pas tous les jours et qu’ils dormaient pas dans la même chambre toutes les nuits. C’était facile de le détester les deux premières semaines, puis même ça allait le premier mois. Puis y’a eu le bâteau. Et c’est vachement plus difficile de le détester depuis. Parce qu’entre temps, il s’est renseigné, ce qu’il aurait dû faire depuis longtemps. Et cette haine qu’il ressent depuis si longtemps pour Haku, il la ressent aujourd’hui pour Soobin. Fois mille. Pas qu’il l’appréciait beaucoup de base, il l’a toujours plus ou moins détesté. Jun se décale rapidement lorsqu’un assiette passe à quelques millimètres de son visage.
Mais il est dingue ? Les mots qu’il cri n’ont de sens que pour eux deux, et pour ses parents qui le regardent. Et Daw, s’il entendait. Il lui dit de ne plus l’approcher. Et Jun a envie de répliquer que c’est ce qu’il fait depuis deux semaines, et que vu son état actuel, c’est pas de ça dont il a besoin, mais il le fait pas.
Et que c’est rare. Ce n’est jamais arrivé avant ce moment précis. Jun ne sait pas quoi faire. Il ne sait pas comment réagir. Parce que Haku souffre. Il a mal, si mal. Et que Jun peut rien faire pour l’aider. Est-ce qu’il a seulement vraiment envie de l’aider ? Il sait pas, alors il le regarde. Et il prend une décision qu’est pas vraiment lié aux caméras.
Il s’avance dans la cuisine, vers Haku, comme s’il avançait vers un animal encerclé et en danger.
“Vas-y Haku. Envoie moi les assiettes dans la figure si t’as besoin de te défouler. Je me vengerai pas.” Je le mérite. Il lui demande pas pourquoi il le fait, il lui demande pas d’arrêter, d’être raisonnable. Parce qu’ils savent tous les deux pourquoi il le fait, et que personne d’autre n’a besoin de le savoir. Parce qu’arrêter, il peut pas lui demander d’arrêter. Et parce que Jun, à sa place, aurait probablement fait bien pire que de casser de la vaisselle. Et il le regarde. L’observe. Avec des yeux presque tristes. Mais surtout avec un regard qu’il n’a jamais pris l’habitude d’avoir. Transportant des sentiments nouveaux. Du regret. Il est désolée.
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