내 이야기, STORYTIME | J'aime le kimchi L'histoire commence sur un air de trot, la jeune Kim So Hee pousse sa voix sur 정거장, titre qui la propulsera au rang de starlette nationale. Symbole de la jeunesse au sein d'un mouvement musical se voulant vieillissant, elle tape dans l’œil d'un dessinateur déjà reconnu pour ses talents hors pair et ses histoires si bien ficelées que les rayons BD sont dévalisés de ses planches. Grand fan de trot il a crushé, est un jour allé à un de ses concerts et a payé le ticket VIP pour la rencontrer dans les backstage et une belle histoire d'amour est née. Ces deux-là c'est mes parents. De ce grand bordel en ressort deux p'tits gnômes: Keith & Lenny. C'est le nom de la première BD de mon père, le prénom des deux personnages principaux aussi. Autant dire qu'ils ont pas cherché bien loin pour nous nommer à la naissance, mon jumeau et moi.

Avec Keith on a grandit dans le succès de notre père, adulé par le pays entier mais pas par maman. Elle s'est cassée un beau jour, jugeant son hygiène de vie dégueulasse. Maman elle chante mais elle a rien d'une artiste, c'est plutôt une grande gueule féministe qui en fait beaucoup trop et qui nous botte le cul en voulant élever la version de l'homme 2.0. Entre deux plateaux d'émissions revival des années 80 elle nous fait chier pour qu'on l'accompagne à ses manifestations dont -forcément- elle est porteuse de mouvement. Comme Keith fait le mort à la perfection v'la qu'c'est moi qui morfle. On nous reconnait dans la rue pour être ses fils, j'peux vous dire qu'on a pas tous les jours la vie facile. Mais même si entre ces deux mastodontes de domaines opposés on s'y retrouve on a quand même tenu à s'faire notre vie m'voyez. Au lycée par exemple on a commencé un atelier de bruitages pour s'faire du flouz. Ça marchait du tonnerre, faut pas croire on se faisait des couilles en or et notre coloc est vite devenu un studio expérimental. Kiss tenait le micro pendant que j'marchais sur des billes ou inversement quand il mastiquait du papier crépon. Le gag pour nos potes j'vous dit. On passait des nuits à faire ça et à s'marrer comme des cons en fumant des herbes cueillie dans le jardin public d'en face. Des fleurs au printemps.

Bref v'la que c'est devenu ma vocation après des études à la con en ingénierie du son. J'en ai fait mon métier, mon frère lui a trouvé sa voie erm. Moi bah c'est pour ça que j'suis là. J'ai besoin d'un coup de pousse pour évoluer parce que là j'suis bloqué. Sinon maman est passée à la télé la semaine dernière je vous mets la rediff au cas-où vous l'auriez ratée   Moi j'étais dans le public.