내 이야기, STORYTIME | Une citation... Chapter I - Story of the origins On dit qu’il a fallu à Dieu, six jours pour créer l’univers et tout ce qui s’y trouve. Parmi ces éléments se trouvent les hommes et les femmes. Notre histoire compte d’abord deux protagonistes. Hae Jin, coréen, né dans la grande capitale : Séoul, benjamin d’une fratrie de quatre enfants et de surcroît seul garçon. Élevé comme un prince, choyé comme un roi par quatre femmes aux petits soins. Pourtant il y a toujours eu un goût de pas assez. Un vide à combler. Une forme de gourmandise que seul Dieu semblait pouvoir combler. De l’autre côté du monde Mary, elle n’a jamais été du genre à vouloir entrer dans les cases. Famille américaine lambda. Petite maison charmante et pelouse verte tondue régulièrement. Un frère, de trois ans son aîné. Un chien. Un père très occupé par son travail et une mère persuadée de détenir la meilleure recette d’Apple pie de toute l’Amérique. Il a fallu six jours à Dieu pour créer l’univers, il n’aura fallu guère plus de temps pour que Yeon Hae Jin, alors âgé de vingt-quatre ans ne s’éprenne de celle qui était devenue une belle tornade : l’Américaine nommée Mary. Ce n’était pourtant pas gagné. De nature sérieuse et très pieuse, le jeune homme envisageait de rentrer dans les ordres avant de croiser la route de celle qui lui semblait alors être la huitième merveille du monde. Elle n’avait pourtant sur le papier rien pour lui plaire. Marginale, bohème, insouciante, décalée et farouche. Loin des standards. Loin de la femme parfaite et pourtant à chaque fois que ses yeux venaient se poser sur la silhouette de la jeune blonde alors âgée de vingt-deux ans, le monde semblait se mettre à avoir un sens. Il a rangé Dieu et sa bible au fond de sa valise et prenant son courage à deux mains il a traversé la rue séparant l’église du petit café où elle travaillait alors en tant que serveuse. Elle ne serait dire ce qui a fini par la séduire, peut être sa détermination et ses manières de gentleman qui se pliait en quatre pour la courtiser. Elle a fini par céder. Céder à ses avances et ils ont vécu une histoire d’amour comme on en voit dans les films à l’eau de rose. En quelques mois il était devenu son univers et pour lui tout ne tournait plus qu’autour d’elle. Elle l’a suivie à l’autre bout du monde et pour rester avec lui, elle a accepté de se faire passer la bague aux doigts malgré les réticences de leurs familles respectives.
14.11.1995 le début d’une vie, le début d’une fin. On ne te l’a jamais vraiment dit, mais dans le fond tu l’as toujours plus ou moins su. Tu es de ces enfants qu’on pourrait qualifier d’accidents. Un imprévu. Un cataclysme. Une étape à laquelle ils n’étaient sans doute pas encore préparés. Pourtant tout le monde s’accordera à dire que ta naissance a été vécue dans la joie. Tu crois toi aussi avoir un vague souvenir de ce bonheur.Une image floue, celle du regard plein d’amour de ton père sur la silhouette de ta mère et des sourires de cette dernière. Mais tout ça n’a pas duré et comme le déluge sur la bible, la pluie s’est mise à tomber sur vos vies. On ne t’a jamais vraiment dit pourquoi un jour alors que tu venais de souffler ta quatrième bougie maman est sortie du tableau. Papa s’est fait de plus en plus absent et ce sont tes grands-parents qui ont pris le relais. Aussi aimants puissent-ils avoir été tu as toujours eu le sentiment de te perdre en chemin. Les voilà devenues tes parentes, figure d’autorité suprême. Rapidement ton père n’eut plus son mot à dire. Il n’eut pas besoin de prendre l’avion comme ta mère. Non, pour lui il fut question de s’en remettre à son premier amour : Dieu. Reset l'Amérique et Mary aux oubliettes. En 1999 Hae Jin avait prit sa décision : faire comme si rien de tout ça n'avait jamais existé. Comment ton père et devenu ton frère. Comment tes cousins sont devenus tes neveux et comment tes grands-parents eux ont fini par répondre aux mots papa et maman.
Tu ne t’es jamais posé la moindre question. Le scénario était bien rodé. Mme Yeon a eu l’immense bonheur de vivre une grosse tardive. On a fait de toi un petit miracle et on t’a vénérée telle la princesse que tu étais. Tu t’es construite sur ce mensonge. Sans te poser la moindre question, tu as appelé Oppa celui que tu aurais pourtant dû appeler Appa. On a prêté ta beauté liée à ton métissage à la grâce de Dieu. Tu as regardé celui que tu pensais être ton frère se remarier, faire des enfants et être heureux. Tu as fait tout ce qu’on pouvait attendre de toi : élève brillante, fille sérieuse, jamais un pas de travers avec toi tout filait droit. Tu n’étais que joie. Tu croquais la vie à pleines dents et tu faisais des projets. Et puis un beau soir de novembre alors que tu soufflais ta dix-huitième bougie elle est réapparue.
14.11.2014 – De grands yeux bleus et une chevelure blonde nouée dans un chignon négligé. Elle te sourit de toutes ses dents et te serre dans ses bras comme on le ferait avec un ami de longue date.
« I’ve missed you baby ». Quatre mots, une phrase et un cataclysme. Tu t’en souviens comme si c’était hier. Les cris de celle que tu appelais maman. Le visage grave d’Hae Jin. Les larmes silencieuses de la nouvelle femme et la voix de celle que tu pensais être ta sœur qui répétait alors sans cesse : je vous avais dit de ne pas le faire, je vous avais dit qu’elle reviendrait. 14 novembre 2014, le jour où tu as appris que toute ta vie n’était en fait qu’un tissu de mensonges.
Tu ne sais pas à qui tu en as le plus voulu. À cette femme et à cet homme que tu as aimé comme on aime ses parents et qui ont décidé de te mentir en prétextant que c’était plus facile comme ça ? À celle qui est partie sans se soucier de ce que tu pouvais devenir ou à bien à ce père qui a décidé de fuir et de se terrer dans le mensonge. Dès lors ta vie n’a plus eu aucun sens. Tu es partie sans te retourner et sans pourtant savoir où aller. Tu n’as pas eu envie d’écouter ce qu’ils pouvaient bien te dire. Ta mère, grand-mère, ou appelait là comme vous voulez direz aujourd’hui que tu files un mauvais coton. Tu as goûté à toutes ses choses auxquels tu n’aurais sans doute jamais touché si tu étais restée. Tu as appris à dire merde, à ne plus rentrer dans aucun moule et tu as décidé de te venger de la pire façon qui soit pour ceux qui désormais ne peuvent plus avoir accès à toi. Tu te montres à qui veut bien te voir. Tu étales ta vie sur les réseaux. Tu craches aux Yeon ton bonheur à la figure. Tu te mets à croire en tout et en n’importe quoi. Ils s’en remettaient tous à Dieu, toi tu as décidé de t’en remettre aux astres et en leur alignement. Tu te protèges avec ça, ça t’aide à appréhender les gens. Tu leur colles des étiquettes avant même qu’il n'ait le temps de se présenter. C’est con, mais c’est rassurant pour toi qui n’as plus confiance en rien ni personne.
C'est ça ta vie aujourd'hui. Tu souris devant ta caméra, tu joues à la diseuse de bonne aventure et tu te remplis les poches avec ta belle gueule de mixed blood. Mais à l'intérieur t'es qu'une bombe à retardement un seul geste et tout pourrait bien exploser.