Une paire de talons s’arrête devant moi. J’ai à peine le temps de lever le nez que le contenu de son verre m’agresse et m’embaume d’une odeur fruitée. Je prends une grande inspiration, m’apprêtant à déverser ma colère sur cette folle avant de comprendre. Je ne fais rien pendant quelques secondes et sent ma tête douloureusement pivoter au contact de sa main sur ma joue qui fut une nouvelle violence portée à ma personne. Le verre se brise, la compagnie agréable d’il y a quelques secondes s’excite et elle, elle compte s’esquiver comme la petite princesse capricieuse qu’elle était. J’attrape sa main plus vite. Elle ne l’entend pas de cette façon, je m’en fiche. Maintenant c’est à son tour de subir mes foudres et j’en ai gros sur le cœur avec ses conneries.
Je la traîne vers l’intérieur, là où il semble y avoir des cabines et manque de patience à la deuxième porte ouverte, vire le locataire de sa petite bulle qu’importe son occupation pour refermer dans un claquement de porte après nous. Son dos percute la porte, ma main posée à plat près de sa tête. « Heureux de te retrouver moi aussi » je lève mon index de l’autre main pour lui signaler de se taire. « Avant que tu ouvres ta jolie petite bouche à la langue bien pendue, tu vas me laisser terminer, sois sage pour une fois » je lui offre un sourire charmant témoignant de mon agacement profond. « Trois ans, trois ans qu’on ne s’est pas vue et tu te permets déjà de m’humilier ? J’en déduis que tu l’as eu de travers autant que moi. C’est bien, tu ne m’as pas oublié » je suis un parfait connard, je ne lui dirais pas que moi non plus et qu’elle est l’une des raisons pour laquelle je suis dans cette émission. « Parmi toutes les choses que je voulais te dire, je pense que le plus pressent reste cette connerie de passeport qui ne m’a pas permis de te rejoindre. Suite à quoi il a été très compliqué de te joindre vois-tu ? » je passe ma langue sur le coin de ma lèvre, récoltant quelques gouttes roulant sur ma peau de ce qui était une pina colada. « Le choc est passé ? Tu t’en remets ? Je suis la maintenant et je ne compte pas décamper de sitôt. Il y a une chose que je veux ici » et cette chose-là ne va pas être facile à obtenir.
Re: shut up and kiss me (+) Ash › 03.03.20 10:47 |
j'avais lénifié mes angoisses dans un petit verre de rosé et la douceur de la nouvelle vie que j'avais construit si solidement. je mentirai si je disais que j'ai oublié cette douleur qui m'a étroitement enlacé pendant des semaines et des mois. j'avais dit que ce serait une bonne soirée, pourquoi est-ce qu'il faut que mes démons reviennent me hanter ? je traînais les pas pour lui rendre les choses difficiles mais il ne semble même pas avoir du mal à me tirer du côté de ce couloir. surtout, ne pas trop réfléchir ; ça renvoie aux souvenirs dont on ne veut pas. ça renvoie à des choses monstrueuses mais c'est trop tard. putain, c'est trop tard. quand nous nous retrouvons seuls dans cette pièce et que mon dos rencontre froidement le mur, je ne peux m'empêcher de lui lancer un regard noir. et sur le point de le noyer d'excuses, l'espace d'un instant seulement, il parvient à m'empêcher de dire quoi que ce soit. un sourire que je n'avais pas vu depuis longtemps mais qui ne s'est pas dissocié de ma mémoire apparaît sur ses lèvres. « j'ai et j'avais juste eu envie de t'en coller une, rien de sérieux ceci étant dit- » que voulez-vous, j'ai toujours été très rancunière envers ceux capable de me laisser avec de profondes blessures. doucement je croise les bras avant de le regarder tenter de s'expliquer. et si mon expression sérieuse semblait perdurer alors je finis par éclater de rire jurant en coréen, persuadée qu'il ne peut pas comprendre je souffle presque dans un murmure « 이기적인 새끼... (putain d'égoiste) » je marque une pause et ajoute en prenant mes distances « qu'est-ce que tu veux yuuri ? que je te dise que je te crois et que je retombe dans tes bras ? que je te dise que tout ce temps je t'ai attendu et que je n'ai vu personne ? que j'ai tissé des toiles en attendant que tu débarques ? » je continue de rire en faisant les cent pas dans cette cabine attendant le moment propice de cracher mon venin « retournes t'amuser va, tu avais l'air plutôt bien parti jusqu'à ce que j'interfère » je passe ma main dans mes cheveux et ajoute avec un sourire probablement nerveux « mais putain, pourquoi t'es là enfaite ? » ne me dite pas qu'il fait partie de l’émission, je risque de criser.
Re: shut up and kiss me (+) Ash › 08.03.20 22:02 |
Mais tu peux me regarder de cette manière, chérie, je n’y suis pour rien si tu t’es emballée et que tu t’es complètement trahie. « Bien sûr, c’est ta nouvelle façon de saluer les gens peut-être ? » à d’autres, on sait très bien qu’il y a une raison à cette gifle et si ce n’est pas pour la petite brune c’est pour nos merveilleuses retrouvailles. Ce qui ne m’empêche pas de lui dire ce qu’il en est de mes années resté sur le carreau. Je lui réponds dans un parfait coréen une fois qu’elle se détache de moi, bras croisés et l’observe en soupirant. « Juste un sms aurait été trop demandé ? J’avais cependant d’autres problèmes plus importants qu’une petite amie disparue et puisqu’aucun flic n’est venu me trouver parce que j’aurais été ton dernier contact j’en conclus que ça n’a pas été le cas et que ça n’allait pas si mal pour toi » logique, peut-être pas, je m’en contre fous. Ma mère me manquait et elle me manque toujours. Je m’empare du premier chiffon à ma portée pour sentir s’il est propre ou non et éponge les dégâts causés par sa jalousie avant de soupirer.
« Tu n’es pas très convaincante pour quelqu’un qui prétend être indifférent, la brunette flattait mon égo » je n’étais pas là pour elle cela dit, mais qu’elle le croit et qu’elle me le reproche presque me fait largement sourire. Alors quand elle me demande ce que je fiche ici je me mets à rire franchement. « Je suis dans la maison mercure, ma belle va falloir t’y faire » et tu m'as si vite oublié que je n'en doute pas une seconde. Je pourrais faire de sa vie un cauchemar, parce qu’elle est loin d’imaginer à quel point je peux en être un. Me reprocher de l’avoir laissé en plan, quel toupet quand on fait la morte, mademoiselle, c’est si amusant. J’aurais préféré avoir une discussion plus ouverte que celle-là, mais ça arrivera bien quand il y aura besoin. Pour l’instant, place aux tensions et aux provocations. « Tu n’avais pas l’air de t’ennuyer non plus d’ailleurs, comme tu l’as si bien souligné alors ta petite scène… hm ~ » j’adore quand elle n’admet pas ses torts.
Re: shut up and kiss me (+) Ash › 10.03.20 12:58 |
j'hoche simplement la tête en guise de réponse, c'était ma nouvelle façon de LE saluer. quel gâchis de champagne vraiment. intérieurement je suis tellement en colère qu'on pourrait faire cuire un barbecue sur ma peau mais je suis douée pour ce genre de choses ; étouffer ma colère sous de l'indifférence. du moins avec tout le monde sauf peut être yuuri, mais j'ai des années d'entraînement maintenant. et alors que j'étais en train de jurer paisiblement, c'est une mauvaise surprise de constater qu'il parle lui aussi coréen de façon un peu plus que correcte. je lève les yeux vers lui un instant et secoue doucement la tête, c'est vraiment un cauchemars de merde ! non mais réveillez moi s'il vous plait quoi. « pas si mal » je répète. qu'est-ce que c'est pas si mal pour toi ? j'ai attendu comme une conne dans cet aéroport, une robe de mariée dans ma valise, j'avais essayé d'appeler une fois, deux fois, et une troisième fois en te demandant de venir me retrouver à la porte 6, que c'était mon dernier message- et puis j'ai jeté ce portable. je t'avais dit de me retrouver, je t'avais dit qu'il n'y aurait peut être plus aucune chance après ça, je-... qu'est-ce qu'il faut être stupide. un faible rire s'échappe de mes lèvres quand il me dit que je ne suis pas très convaincante. un rire mais fatigué, exténué, un rire sans rire, un rire sans sentiment. « aux dernières nouvelles, je n'ai asboluement rien à te prouver » mais pourtant, je porte un masque qui se fissure et que je répare et qui se fissure. le rire qui s'échappe de ses lèvres réprime doucement mon sourire jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus du tout à cette annonce. l'étau se resserre autour de mon coeur. non. non non non et non. doucement je croise mes bras et souris en secouant doucement la tête « tu mens » je lance avant de hausser les épaules dans un déni total. je l'aurais vu grand comme le monde s'il faisait partie de l'émission. je ne sais pas pourquoi mais dans cet espace qui est plutôt grand mais qui apparait si petit, je me dis que je pourrais très certainement le tuer, et finir en prison. je regarde les moyens à disponition, une lampe de chevet, oui, pas mal, un long vase, c'est plutôt correct, l'étrangler avec mon sac chanel, parfait... mais un peu long. et le fait même que cela traverse mon esprit me rend malade de l'intérieur. un léger soupir s'échappe de mes lèvres alors que je lance « tu peux te pousser ? j'aimerais partir » oui parce que finir en prison finalement, ce n'est pas ce qu'il y a de plus glamour, je m'en tiendrai à la magie noire qui elle, laisse moins de traces « non sérieusement, laisses moi partir avant que je te fasses mal »
Ce qu’elle est désobligeante. Moi aussi je lui en veux et pour beaucoup parce que je refuse de comprendre et de penser qu’elle aussi en a subi de belles. Sa petite vie n’est pas si mal si elle a rejoint l’émission, quant au fait que j’y sois ? Oui, j’ai avancé aussi. J’ai furieusement envie d’applaudir, soyons honnêtes pour une fois. « Bravo, tu as tout compris, tu n’en as pas besoin je constate déjà » et je la provoque avec tant de facilité que j’en attends la chute. Elle ne tarde pas à arriver. Je suis moi aussi de la partie chérie. Maintenant, qu’est-ce que tu vas faire ? Bouder ? Je suis si déçu. Je n’ai aucune raison de mentir et son regard assassin me fascine autant que j’ai envie de le saisir. Si tu savais depuis combien de temps j’attendais cette confrontation tu ne me croirais pas davantage. Un véritable cauchemar qui me hante. J’ai eu d’autres visages en tête que le tiens, certes, mais ça n’avait rien à voir et sans eux, peut-être que je n’aurais pas été en mesure de garder mon précieux calme. Alors je reste là, sans bouger à te dévisager, à inspecter ta charmante tenue. Tu es restée sublime, ce qui ne m’étonne pas franchement. Je soupire. « Fais-moi mal alors, qu’est-ce que tu attends, hein ? » tu en crèves d’envie depuis si longtemps apparemment.
Mais tu as oublié un détail : si j’avais voulu en faire de même, on m’aurait traité de monstre. Quelle ironie, tout ça parce que tu es censée être une petite chose fragile ? Toi ? Fragile ? Je laisse échapper un rire. Peut-être finalement. Mais nous le sommes tous et te savoir fissurée me rassure. Il y a longtemps que c’est mon cas aussi. Tu vois, nous ne sommes pas si différents, alors pourquoi en venir aux mains ? Fais-toi plaisir cependant, je t’en donne l’occasion. Mais quand ce sera mon tour, ne te plains pas, ce ne sera pas la même violence, je ferais simplement ce dont j’ai envie.
pourquoi le monde est aussi petit ? tout ce que je voulais c'était m'amuser. cependant les souvenirs rejaillissent. c'était inévitable. s'il vous plait inversez la courbe de mon sourire fuyant maintenant qu'il est dans les parages. inversez la courbe. je préfère encore me taire et observer l'étendue des dommages causés. ce n'était pas un mensonge, c'est la vérité la vraie comme diraient les gosses. ceci dit la vérité la vraie ne me plait pas beaucoup. je me sens ma raison me quitter pour une colère plus vive que je ne l'aurais imaginée. des cauchemars me gardaient éveillées il y a quelques années de ça dans les draps froids de mon logement à salem. mais ces cauchemars étaient doux, la réalité elle est faite de papier de sable auquel mon existence se frotte jusqu'à finir par en saigner. et maintenant j'ai du perdre la raison. « ah oui ? » je demande calmement en enlevant les fleurs d'un vase, versant simplement l'eau au sol avant de viser le mur à côté de lui. et comme cela ne calme rien du tout, j'attrape une coupe de champagne vide et enchaine, puis une autre qui ne le touchent même pas car fort heureusement il décide de bouger. « ben quoi » je commence en attrapant finalement des stylos pour les lancer dans sa direction aussi « t'as changé d'avis ? » et quand il n'y a plus de stylos ce sont des assiettes, puis des plateaux vides « tes soudains délires masochistes se sont éteint ? » et il ne reste plus rien sur la table, plus rien non plus sur la table de chevet et je suis légèrement essoufflée pourtant je ne laisse pas la distance entre nous se réduire. « dégages yuuri, dégages et laisses moi tranquille »
Le calme avant la tempête, le vase se vide et elle le tient fermement sur un air de défi, me dévisage et je bouge pour éviter ce qu’elle m’envoie. Assez tôt pour ne pas être blessé plus gravement, ce qui n’empêche pas les éclats de m’atteindre. Je ne suis qu’un homme et la peur ainsi que mes réflexes me poussent à réagir, forcément je bouge puis, mais une fois qu’elle n’a plus de munition à portée, je me redresse et reprend cette stature qui lui déplait tant : impassible, le regard froid, pourtant étriqué par cette colère que je n’exprime pas. Et c’est peut-être le pire que je puisse faire : la laisser s’exprimer avec tant de violence et lui paraître indifférent. J’inspire, un liquide chaud dévale lentement ma joue dans une griffure. Une aiguille qui s’étire lentement et qui n’est pas assez profonde pour me faire paniquer. « C’est tout ? » viens plus près que je te montre de quel bois je me chauffe, parce que ça n’était pas suffisant. Si le bruit alertera forcément, on pensera à tort qu’il s’agit d’une partie de jambes en l’air. Quelle merveilleuse image. Je me fiche pas mal de ce qu’on pourra dire de moi comme d’elle. « Non, tu vas devoir me supporter pour longtemps » et accessoirement me faire bouger. Je n’ai pas fini de te faire payer ton impatience qui nous a coûté à tous les deux. Tu n’as pas à subir ma connerie, ni le poids de ma perte, mais tu n’es pas la seule à avoir regretté cette merde dans laquelle NOUS avons été parce que je n’ai pas pu passer à l’aéroport. On aurait dû se marier avant, il n’y aurait eu aucun malentendu. Connerie de distance. J’essuie de ma manche le sang qui me fait légèrement grimacer et soupire. « Je ne suis pas venu en Corée pour raison financière, encore moins pour rejoindre délibérément une émission à laquelle j’avais candidaté au Japon » tu devines ? Il y a un peu de toi, quant à savoir si c’est pour te faire payer ou pour te récupérer, surement un peu des deux à savoir l’avancement de tout ça : vas-tu te comporter éternellement comme une gamine revancharde en quel cas moi aussi, ou enfin parler comme une adulte est censée le faire ?
Re: shut up and kiss me (+) Ash › 16.03.20 12:34 |
j'ai déjà glissé hors de tout ce monde et son tumulte ; pendant un temps tout était atrocement froid, la nostalgie n'a été que du sel sur les blessures et ressasser les choses n'ont fait que me blesser encore et encore avant que ma raison contre ce qu'il restait de coeur ne me murmure de tout oublier. maintenant il me dit que je vais devoir le supporter un peu plus longtemps que ça. "pour longtemps". il n'a pas idée de ce qu'il est en train d'amorcer, ou peut être que si finalement. peut être que si. je fais un pas en avant puis recule finalement. pourtant je pourrais très bien partir là maintenant, mais le seul fait qu'il orbite autour de cette porte m'empêche physiquement de m'approcher. je me résouds à venir m'asseoir sur le bord du minibar secouant doucement la tête murmurant assez fort « j'ai pas envie de t'écouter... » mes yeux ne montrent aucun regret face à cette goutte de sang qui se balade sur sa joue. je le regarde seulement. je le regarde comme s'il n'avait pas été quelqu'un que j'ai aimé. comme si la jeune fille que j'étais ne s'était pas buté à le suivre dans tout tokyo, comme si rien de toute ça ne voulait dire quoi que ce soit. comme si ça ne m'avait demandé aucun courage de l'oublier. il m'avait fait plonger dans les retranchement sentimentaux les plus atroce, ceux que je ne connaissais pas encore. et maintenant il était de nouveau là. je ris, je ris doucement puis cela se transforme en éclats de rire « et c'est censé me faire quelque chose ? je suis censée me mouvoir ces paroles et- » je m'interrompt pour ajouter dans un souffle « je m'en fiche yuuri » léger haussement d'épaules « ça n'a pas d'importance » un faible sourire se glisse finalement sur mes lèvres alors que j'ajoute calmement « quoi, tu trouves ça injuste de ne pas pouvoir dire ce que tu as à dire ? je te fais simplement gagner du temps- pour toi qui en as suffisamment perdu, notes mes mots si ça peux t'aider ; je me fiche bien de ce que tu peux devenir, de ce que tu as vécu ou même de ce que tu deviendras » j'appuie doucement ma tête contre le mur « à partir de là... » je dis en sortant mon portable pour mettre de la musique, je me met à chanter. j'ai probalement déjà perdu la tête mais je ne suis pas sur le point d'écouter une seule de ses paroles. je me relève suivant le rythme de la musique.
Accueil
